Ce blog est géré et réalisé par et à l’initiative de Gregory Ottet

Cher Greg

Publié le 14 Septembre 2025
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J'ai beaucoup réfléchi à ta remarque de l'autre jour concernant le mot "jamais" dans mon introduction sur les 24 heures de méditation pour la Paix. Tu avais raison de souligner que ce terme ne convenait pas, et je comprends pourquoi tu l'as banni de ton vocabulaire.

En relisant mon texte, je me suis rendu compte que j'avais utilisé ce mot à deux reprises. En y réfléchissant davantage, je réalise qu'il s'apparente au mot "impossible", ce terme que je combats pourtant avec conviction dans son contexte humain et spirituel. Comme tu le sais, malgré les réserves de l'éditeur, je conserve le titre de mon livre : "À l'impossible, tous sommes tenus...".

Ma volonté profonde est de faire disparaître ce mot "impossible" de son usage traditionnel, de le remplacer par des alternatives portées par l'espérance et la foi. Bien sûr, ce mot continuera d'exister, malheureusement, dans le contexte des comportements humains. À ce jour, je ne connais qu'une seule solution pour l'éradiquer : la fraternité.

Mais vivre la vraie fraternité - aimer les autres comme soi-même - demande des choix parfois très difficiles. Il faut d'abord s'aimer soi-même pour aimer les autres, pratiquer le pardon, respecter autrui quelle que soit sa condition. Respecter ne signifie pas accepter les dérives contre l'humanité. Nous devons condamner le péché sous toutes ses formes, mais pas le pécheur, car nous ne connaissons pas les causes profondes de ses égarements.

C'est pourquoi je ne peux pas juger. Je dois plutôt m'interroger sur les origines du mal et sur ma propre responsabilité. Il existe toujours une ouverture, même minuscule, même risquée. La nature humaine n'est jamais figée définitivement. La violence n'est ni irrémédiable ni irréversible, mais le manque d'espérance et de foi rend la tâche si difficile.

Alors Greg, je renonce à utiliser le mot "impossible" quand il peut être remplacé ou qu'il est inadapté. Je ne l'emploierai que lorsqu'il n'y a pas d'alternative, quand la conscience et la volonté humaines ne peuvent transformer la situation. Je continuerai à dire qu'il est impossible de construire un immeuble de huit étages en 24 heures, mais pas qu'il est impossible de bâtir la paix.

J'ai donc modifié mon texte sur les 24 heures de méditation. Les institutions religieuses, politiques et financières n'ont pas réussi et ne réussiront pas plus aujourd'hui qu'hier à faire émerger la paix et la fraternité sur terre, parce que leurs intérêts personnels et collectifs vont à l'encontre de la justice, de la vérité et de la fraternité. Seuls les citoyens du monde en ont le pouvoir.

Nous savons tous que la vraie paix n'émergera pas par la force, mais uniquement par la fraternité, c'est-à-dire par l'amour. J'aime cette phrase de Jean-Yves Leloup : "Tout ce que l'on fait sans amour, c'est du temps perdu."

Ce temps perdu par manque d'amour engendre la peur, l'indifférence, le rejet. Au-delà des conséquences sur les autres, il engendre pour soi-même la tristesse, la fatigue, le mal-être, l'absence de Vie. J'arrive toujours à la même conclusion : la seule alternative pour un monde meilleur, c'est de prendre conscience de cette réalité qui m'oblige à me changer d'abord moi-même, être conscient de mes désordres, de mes pauvretés pour être d'une quelconque utilité pour les autres, pour légitimer la vie qui m'a été donnée et qui m'a tant apporté.

Cette vie ne m'a pas été donnée pour que je ne m'occupe que de moi, que j'en retire le maximum de profits, de plaisirs, de satisfactions matérielles. Elle m'a été donnée pour que je participe à un tout et que ce tout soit meilleur, grâce à ma contribution même infime.

Tu connais cette pensée chinoise que j'aime citer : "Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres." Si ma contribution est cette petite flamme qui éclaire autour d'elle, qui fait reculer quelque peu les ténèbres et qu'autour de moi on y voit un petit peu plus clair, je sais que cette flamme se propagera à d'autres bougies qui à leur tour éclaireront, et que bientôt le monde verra plus clair et sera meilleur.

Allumer une bougie, c'est peu de chose : c'est déjà sourire à mon voisin que j'ignore et qui souffre peut-être, c'est accepter les désordres de l'autre sans juger et décider de l'aider, c'est reconnaître que ce n'est pas dans un miroir, mais dans le visage de l'autre que je découvrirai mon vrai visage.

Mais tout cela, tu le sais mieux que moi - nous en avons souvent parlé. C'est tellement facile à dire !

Avec toute mon amitié,